Pourquoi le Moyen-Âge s'appelle ainsi ?

Depuis l’école primaire, nous avons appris les différentes périodes de l’histoire. Le Moyen-Âge en fait partie. Ne vous êtes-vous jamais posé la question de pourquoi le Moyen-Âge s’appelle-t-il ainsi ?

Dans cet article de blog, nous allons explorer les origines de cette appellation, quel est son sens et pourquoi ce nom.

Origine du terme “Moyen-Âge”.

Cette expression signifie, au sens littéraire “âge moyen”, traduit du latin “medium aevum”. Ce terme a été utilisé pour la première fois par des intellectuels de la Renaissance, comme des humanistes italiens tel que Flavio Biondo au XVe siècle, pour désigner la période intermédiaire entre l’Antiquité (gréco-romaine) et leur propre époque, qu’ils considéraient comme un renouveau de la culture classique.
En 1469, le théologien allemand Johannes Trithemius emploi l’expression “medium aevum”, dans un contexte érudit. Le terme se répand ensuite au cours du XVIe siècle, notamment dans les universités comme une manière de classer les périodes historiques en trois grandes ères :

• Antiquité

• Moyen-Âge

• Époque moderne

Cette expression a été popularisée au XVIIe siècle par l’historien allemand Christoph Cellarius (1638-1707). Dans son ouvrage Historia medii aevi publié en 1688, Cellarius a formalisé la division tripartite de l’histoire en Antiquité, Moyen-Âge et Temps modernes donc.

Ce terme possède évidemment une connotation assez négative, et évoque un âge intermédiaire, de transition entre deux âges glorieux.

Quel nom avait la période du Moyen-Âge au moment où elle était vécue ?

Les personnes vivant durant ce que nous appelons le Moyen-Âge ne désignaient pas leur époque par un nom spécifique comme “Moyen-Âge”. La perception du temps était en fait principalement influencée par des conceptions religieuses (sans grande surprise).

Une idée répandue, héritée de saint Augustin, était celle des six âges du monde, correspondant aux grandes étapes de l’histoire biblique depuis la Création jusqu’au Jugement dernier. Selon cette vision, les contemporains se situaient dans le sixième et dernier âge, une période précédant la fin des temps.

Ainsi, plutôt que de se définir par rapport à une époque historique, les gens se voyaient comme vivant dans une phase finale, en attente du jugement dernier.

Pourquoi cette connotation négative ?

Le terme "Moyen-Âge" n’est pas neutre à l’origine. Il est fortement marqué par le regard critique que portaient les penseurs de la Renaissance sur l'époque qui les précédait. Ces humanistes, fascinés par la grandeur de l’Antiquité grecque et romaine, voyaient leur propre époque comme un "retour à la lumière" après ce qu’ils considéraient comme des siècles d’obscurité, d’ignorance et de superstition.

Pour eux, le Moyen Âge représentait :

• Un affaiblissement du savoir rationnel et scientifique (par rapport à la pensée antique),

• Une domination excessive de la religion chrétienne et de l’Église,

• Une régression artistique et intellectuelle,

• Une période marquée par la guerre, la peste, les famines, l’Inquisition…

D’où les fameuses expressions comme “Âges sombres” (Dark Ages en anglais), utilisées pour insister sur le supposé retard intellectuel et technique de l’époque.

Mais attention : ces critiques venaient non pas des médiévaux eux-mêmes, mais des intellectuels qui leur ont succédé. Et aujourd’hui, les historiens s’accordent à dire que cette vision était largement caricaturale et qu’elle ne rend pas justice à la richesse réelle de la période médiévale.

Quand le terme est-il devenu courant ?

Même si le mot "Moyen Âge" (ou son équivalent latin) a été forgé dès le XVe siècle et popularisé par Cellarius au XVIIe, son usage courant dans le grand public est beaucoup plus tardif.

Il faut attendre le XIXe siècle, avec le développement de l’histoire comme discipline académique et l’enseignement de masse, pour que la chronologie en trois périodes (Antiquité – Moyen Âge – Temps modernes) s’impose :

• Dans les manuels scolaires,

• Dans les programmes universitaires,

• Et dans l’imaginaire collectif.

L’image négative du Moyen Âge va même s’amplifier avec les écrivains romantiques ou les philosophes des Lumières. Voltaire, par exemple, parlait du Moyen Âge comme de "mille ans sans lumière". Il voyait dans cette période un temps dominé par le fanatisme religieux et l’oppression politique.

Ce n’est qu’au XXe siècle, notamment grâce aux travaux de grands historiens comme Marc Bloch, Jacques Le Goff ou Georges Duby, que cette vision s’équilibre : on redécouvre alors les apports majeurs du Moyen Âge, que ce soit en architecture, en droit, en philosophie, en organisation sociale ou dans le développement des villes et des techniques agricoles.

Conclusion sur l’origine du mot Moyen-Âge

Nous l’avons donc vu, le choix des mots est essentiel. L’appellation “Moyen-Âge” possédait à la base une connotation très négative, donnée par plusieurs générations de savants suivant cette période. Cette perception était la leur, mais aujourd’hui, nous avons pu analyser plus froidement cet âge, montrant qu’il y a eu, certes, un obscurantisme, mais aussi de brillants événements et innovations sortants de cette période.