Invention imprimerie Chine : pourquoi si peu d’impact en Europe ?
Ah, l'invention de l'imprimerie... Un thème qui évoque spontanément Gutenberg, l'Europe du XVᵉ siècle et des livres imprimés à la pelle. Pourtant, ce qu'on sait moins, c'est que la véritable invention de l'imprimerie remonte bien plus loin dans le temps et à des milliers de kilomètres d'ici (en Chine, évidemment). Alors, pourquoi la Chine, pourtant pionnière en la matière, n'a-t-elle pas eu un impact plus notable en Europe ? Allons-y étape par étape (vous allez voir, c'est fascinant).
INNOVATIONS HISTORIQUESIMPRIMERIE AU MOYEN-ÂGE
Loïc
5/20/20254 min read


L'invention imprimerie Chine : une révolution discrète au IXᵉ siècle
Si on attribue souvent l'invention de l'imprimerie à caractères mobiles à Johannes Gutenberg, c'est un certain Bi Sheng, qui, au XIᵉ siècle, l'a réellement inventé. Mais avant lui, il existait déjà la xylographie (impression à partir de blocs de bois gravés). La xylographie nécessitait un processus précis :
Choisir du bois dur, non résineux (sinon ça colle, et là, c’est la catastrophe).
Faire tremper les planches (dans l'eau bouillante si vous êtes pressés).
Sécher le bois à l'ombre pour le rendre résistant (au soleil, c'est pas terrible).
Graver ensuite les planches selon un tracé précis, encrer le tout et enfin poser une feuille dessus pour imprimer en brossant le dos de la feuille.
La xylographie était très répandue dès le VIIIᵉ siècle. Parmi les exemples les plus célèbres, on retrouve le Sutra du Diamant de 868, imprimé par un certain Wang Jie (probablement le Gutenberg local).
Le saut technologique : les caractères mobiles en céramique
La véritable innovation chinoise fut donc celle de Bi Sheng au XIᵉ siècle. Il a eu l'idée géniale d'utiliser des caractères mobiles en céramique placés dans un châssis en fer. Concrètement, chaque caractère était moulé individuellement, puis assemblé pour imprimer une page complète (un vrai puzzle en version XXL).
Mais il y avait un hic (oui, forcément) : l'alphabet chinois compte des milliers de caractères, ce qui rendait l'utilisation de ces caractères mobiles extrêmement compliquée et coûteuse. Du coup, cette technologie était réservée aux grands projets éditoriaux impériaux (et oui, même à l’époque, le business éditorial était élitiste).
Comparaison des technologies d'impression : Chine, Corée et Gutenberg
Là où ça devient encore plus intéressant, c'est quand on compare ces différentes méthodes d'impression :
Chine : Impression de 40 pages par jour environ, utilisation de bois puis de céramique, complexité des sinogrammes.
Corée : Caractères mobiles en métal (bronze), dès le XIIIᵉ siècle. Plus durable que le bois, mais toujours compliqué à cause du nombre élevé de caractères nécessaires (notamment avec le Hangul qui proposait quand même 11 172 combinaisons syllabiques !).
Europe (Gutenberg) : Impression entre 1500 et 3600 pages par jour dès le XVᵉ siècle, grâce à des caractères mobiles en métal (plomb). Évidemment, l'alphabet latin simplifie grandement les choses (26 lettres, ça facilite la vie).
Résultat : Gutenberg a pu produire rapidement et à moindre coût, là où en Asie, malgré des avancées précoces, l'efficacité restait modeste (vous commencez à voir où je veux en venir, non ?).
C'est donc comme cela que Gutenberg a pu sortir très rapidement le premier livre imprimé en Europe de l'histoire : La Bible à 42 lignes.
Pourquoi si peu d’impact en Europe avant Gutenberg ?
C'est LA question essentielle : pourquoi cette invention ne s'est-elle pas vraiment répandue en Europe avant le génial Gutenberg ? Plusieurs raisons :
Distance géographique : La Chine et l'Europe étaient éloignées, avec très peu de contacts directs permettant un transfert technologique efficace.
Manque de matériaux adaptés : En Europe, le papier était rare et cher jusqu'au XIIIᵉ siècle. Sans papier abordable, l'impression n’était pas viable économiquement (du coup, on restait fidèle à nos bons vieux parchemins).
Faible demande : En Europe, seuls les monastères et les élites lisaient, et ils avaient déjà leur méthode (bien qu'archaïque) de copies manuscrites. Résultat : pas besoin de changer.
Complexité technologique : L'impression xylographique en bois était laborieuse et moins réutilisable comparée aux caractères métalliques de Gutenberg. Même le bronze coréen, pourtant durable, n'était pas à la hauteur.
Nombre de caractères : Les sinogrammes chinois dépassent les 50 000 caractères, là où l’alphabet latin n’en compte que 26 (bon, c’est un peu injuste, mais la vie est ainsi faite).
D'autant plus qu'il existait d'autres techniques de reproduction de texte avant l'impression. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à consulter mon article de blog sur ce sujet.
Citations historiques : une connaissance discrète mais réelle en Europe
Quelques Européens avaient pourtant bien conscience de l'existence de l'imprimerie chinoise, comme le montrent ces citations historiques :
Marco Polo (fin XIIIᵉ siècle) : « Ils ont une manière d'imprimer les lettres sur papier avec une facilité qui surprend celui qui ne l'a jamais vue auparavant. »
Jean de Mandeville (XIVᵉ siècle) : « Les Chinois impriment leurs livres avec des lettres faites de métal ou de bois, arrangées selon l'ordre des mots. »
Ces témoignages montrent bien qu'en Europe, certains connaissaient déjà l’existence de ces technologies, mais leur impact est resté marginal faute de moyens ou d'intérêt pratique immédiat.
L'impact discret, mais réel, de l'invention chinoise
Même si Gutenberg est largement considéré comme l'inventeur de l'imprimerie en Occident, il ne faut pas oublier que les Chinois avaient une avance considérable en matière de littérature : entre le IVᵉ et le XVIᵉ siècle, leur collection littéraire était 3 à 4 fois plus vaste que celle de l'Europe (en même temps, vu leur avance, ce n’est pas étonnant).
En résumé : l'imprimerie chinoise, malgré sa précocité, était limitée par des contraintes technologiques et linguistiques majeures. Ce n'est que grâce aux adaptations de Gutenberg (alphabet simplifié, caractères métalliques réutilisables, papier plus accessible) que l'Europe a finalement vécu une véritable révolution imprimée.
« Estampage d'une calligraphie d'Ouyang Xun, Dunhuang (Chine), VIIᵉ siècle », photographie par Zunkir, sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, via Wikimedia Commons.
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