Quels sont les premiers livres imprimés en Europe ?

Aujourd'hui, nous pouvons obtenir des livres digitaux. Cependant, avant cela, nous lisions bien plus des livres imprimés. Mais encore avant cela, les livres étaient recopiés à la main. Lorsque l'imprimerie moderne fût développée au XVème siècle, plusieurs ouvrages ont été sorti. Dans cet article, je vous propose un récap' de ces livres "incunables", qui ont marqué la fin du XVième siècle.

INNOVATIONS HISTORIQUESIMPRIMERIE AU MOYEN-ÂGELA FRANCE DU MOYEN-ÂGE

Loïc

5/21/20255 min read

L’invention de l’imprimerie : un tournant dans l’histoire de l’humanité

L’histoire de l’imprimerie occidentale débute au milieu du XVe siècle, dans une période de profondes mutations culturelles, sociales et économiques. À cette époque, l’Europe se trouve à la charnière du Moyen Âge et de la Renaissance. Les manuscrits, encore réalisés à la main par des moines copistes dans les monastères ou par des scribes professionnels dans les villes, représentent l’unique moyen de diffuser le savoir. Chaque exemplaire nécessite des semaines, voire des mois de travail, ce qui rend les livres extrêmement rares et coûteux.

C’est dans ce contexte que Johannes Gutenberg, orfèvre et inventeur allemand originaire de Mayence (Mainz), conçoit vers 1450 une machine révolutionnaire : la presse typographique à caractères mobiles métalliques. Avec l’aide de son associé financier Johann Fust et de l’imprimeur Peter Schoeffer, il perfectionne un procédé qui combine l’usage de caractères mobiles réutilisables, une encre adaptée à l’impression sur papier, et une presse inspirée des pressoirs à vin. C'est ici, la réelle invention de l'imprimerie.

Ce système permet pour la première fois d’imprimer des textes identiques en plusieurs exemplaires avec une rapidité et une régularité inégalées. Ce saut technologique marque le passage de l’ère du manuscrit à celle du livre imprimé.

Gutenberg et la Bible à 42 lignes : le premier livre imprimé d'Europe

L’œuvre fondatrice de l’imprimerie moderne est sans conteste la Bible à 42 lignes, souvent appelée Bible de Gutenberg. Imprimée entre 1454 et 1455 à Mayence, elle doit son nom au nombre de lignes par colonne. Elle est composée de deux volumes et contient 1 282 pages.

Quelques caractéristiques marquantes :

  • Langue : latin (la Vulgate)

  • Public cible : clergé, érudits, institutions religieuses et universitaires

  • Tirage estimé : entre 160 et 180 exemplaires, dont environ 49 encore conservés aujourd’hui

  • Coût à l’époque : entre 20 et 50 florins, soit l’équivalent d’une maison urbaine

Ce livre monumental, d’une qualité remarquable, est le premier incunable connu. Le terme "incunable", issu du latin incunabula (berceau), désigne tous les livres imprimés en Europe avant le 1er janvier 1501.

Alors, des livres imprimés avant Gutenberg, il y en a eu, via la méthode d'impression Chinoise : la xylographie. Cependant, dans cet article, je parle bien de l'imprimerie moderne.
Comprendre pourquoi est-ce que l'imprimerie chinoise n'a eu que peu d'impact en Europe.

La Bible de Gutenberg n’est pas un livre populaire dans le sens moderne du terme : elle est réservée à un public très restreint, mais elle symbolise une nouvelle ère. Le fait de pouvoir produire plusieurs exemplaires identiques marque une rupture totale avec les pratiques de copie médiévale.

Qu’est-ce qu’un incunable ?

Un incunable est un livre imprimé avant 1501, durant les toutes premières décennies de l’imprimerie européenne. On estime aujourd’hui qu’environ 30 000 éditions différentes d’incunables ont été publiées entre 1450 et 1500, pour une production totale évaluée entre 10 et 15 millions d’exemplaires.

Ces livres, bien que produits en série, restent précieux et souvent luxueux. Les imprimeurs cherchent à imiter les manuscrits, notamment par l’usage de lettres gothiques, d’encres rouges et noires, de grandes lettrines, voire d’enluminures ajoutées à la main.

Les premiers livres imprimés célèbres (H2)

La Bible de Gutenberg (1454-1455)

  • Premier incunable connu

  • Imprimée avec soin, en double colonne, 42 lignes par page

  • Livrée avec des espaces pour les lettrines manuscrites

  • Symbole de l’entrée dans l’ère moderne

Le Psautier de Mayence (1457)

  • Premier livre imprimé en couleurs (utilisation de deux encres)

  • Œuvre religieuse contenant des psaumes, litanies, chants liturgiques

  • Produit par Fust et Schoeffer, non par Gutenberg

  • Destiné à l’usage liturgique ou à la prière privée

Les manuels universitaires (années 1470)

  • Exemple : Epistolae de Gasparino Barzizza, imprimé à Paris en 1470

  • Servent à la formation des étudiants dans les disciplines du trivium et du quadrivium

  • Début d’un vaste marché du livre scolaire, notamment dans les villes universitaires comme Paris, Bologne, Oxford

Les livres d’heures

  • Petits ouvrages de prière, très populaires chez les laïcs aisés

  • Souvent illustrés et personnalisés

  • Mélange d’imprimé et de manuscrit dans les premières éditions

À qui s’adressaient les premiers livres imprimés ?

Contrairement à une idée reçue, les premiers livres imprimés ne sont pas tout de suite accessibles à la masse populaire. L’alphabétisation progresse lentement : on estime que vers 1450, seuls 10 à 15 % des Européens savent lire, principalement dans les villes.

Les principaux destinataires sont :

  • Le clergé : pour la messe, la prière, la théologie

  • Les étudiants et professeurs : droit, médecine, grammaire, rhétorique

  • Les nobles et bourgeois cultivés : passionnés de littérature antique ou médiévale

  • Les marchands et navigateurs : traités de géographie, livres de comptes, almanachs

Le lectorat s’élargit progressivement avec la baisse des prix et la montée de l’instruction. L’imprimerie rend possible l’émergence d’un public laïc lettré, notamment dans les villes.

Quels étaient les thèmes des premiers livres imprimés ?

Textes religieux

  • Bibles, missels, livres d’heures, catéchismes

  • Objectif : renforcer l’orthodoxie chrétienne, soutenir la liturgie

Ouvrages savants

  • Manuels de droit canonique et civil

  • Traités médicaux : anatomie, pharmacopée, diagnostics

  • Grammaires latines, dictionnaires, commentaires de textes antiques

Classiques gréco-latins

  • Cicéron, Virgile, Ovide, Aristote, Platon

  • Traduits ou édités dans leur langue d’origine

  • Base de l’éducation humaniste

Littérature vernaculaire

  • Divine Comédie de Dante, Décaméron de Boccace

  • Chansons de geste, récits chevaleresques

  • Premiers romans imprimés en langues locales

Ouvrages pratiques

  • Almanachs agricoles, livres de cuisine, traités d’astrologie

  • Livres de commerce, manuels de navigation

  • Premiers embryons de littérature utilitaire et populaire

Le style des premiers livres imprimés : entre tradition et innovation

Au début, les imprimeurs cherchent à rassurer leurs clients. Les premiers livres imprimés imitent donc étroitement l’apparence des manuscrits :

  • Typographie gothique

  • Double colonne

  • Absence de page de titre

  • Espaces réservés aux enluminures

Mais très vite, une esthétique propre à l’imprimerie se développe :

  • Caractères romains en Italie (Nicholas Jenson)

  • Caractères italiques créés par Alde Manuce à Venise

  • Apparition des pages de titre avec nom de l’imprimeur, lieu, date

  • Formats variés : in-folio, in-quarto, in-octavo (plus maniables)

Cette évolution marque le passage du livre comme objet sacré au livre comme objet culturel et commercial.

Les grands centres européens de l’imprimerie au XVe siècle

La diffusion de l’imprimerie est fulgurante. Dès les années 1470-1480, on imprime dans toute l’Europe :

  • Italie : Venise, Rome, Milan (35 % des incunables)

  • Allemagne : Mayence, Nuremberg, Cologne (34 %)

  • France : Paris, Lyon (18 %)

  • Pays-Bas, Espagne, Angleterre : diffusion plus lente mais régulière

En 1500, plus de 270 villes européennes abritent au moins un atelier d’imprimerie. Certains imprimeurs comme Alde Manuce ou William Caxton deviennent célèbres dans toute l’Europe.

Pourquoi s’intéresser aux premiers livres imprimés ?

Comprendre les premiers livres imprimés permet de mieux saisir la révolution intellectuelle qu’est la Renaissance. Grâce à l’imprimerie :

  • Le savoir se démocratise

  • Les réformes religieuses (comme celle de Luther) se propagent plus vite

  • L’accès à l’information modifie les rapports sociaux

  • La science progresse plus rapidement grâce à une diffusion élargie des découvertes

La période des incunables est un tremplin vers la modernité. Elle marque le début d’un monde où la lecture, la critique, et la réflexion deviennent accessibles à un plus grand nombre. C'est d'ailleurs en partie grâce à l'invention de l'imprimerie moderne que l'humanisme a pu voir le jour en Italie.

Conclusion : les premiers livres imprimés, berceau de la modernité

Les premiers livres imprimés, loin d’être de simples objets anciens, sont les témoins d’un basculement historique. Ils incarnent le passage d’un monde dominé par l’oral et le manuscrit à une civilisation de l’écrit, du savoir partagé, et de la culture individualisée.

À retenir :

  • Le premier livre imprimé connu est la Bible de Gutenberg (1455)

  • Les incunables sont tous les livres imprimés avant 1501

  • Les premiers ouvrages imprimés sont souvent religieux ou universitaires

  • L’imprimerie se diffuse rapidement en Europe : 270 villes imprimantes en 1500

  • Environ 15 millions de livres imprimés en seulement 50 ans